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LE CAS RICHARD JEWELL : chronique

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LE CAS RICHARD JEWELL : chronique

Clint Eastwood réalise un drôle de drame qui enseigne la méfiance des autorités. Un film moderne – jusqu’à un certain point.

 

Une polémique fait rage aux États-Unis. Le portrait de la journaliste Kathy Scruggs, jouée par Olivia Wilde, serait aussi insultant que peu fidèle (elle est morte en 2001 et ne peut plus se défendre). Dépeinte comme une arriviste, prête à coucher pour obtenir un scoop, elle est le grand personnage sacrifié du film. Au-delà du problème (important mais nébuleux) de la véracité des faits, écrire un personnage d’une plume aussi caricaturale est au mieux une faute de goût, au pire de la paresse crasse. Olivia Wilde ne peut ainsi jamais lui donner d’épaisseur, pas même dans sa simili-rédemption finale. Dommage car, par ailleurs, la distribution des rôles de ce grand psychodrame américain est quasi parfaite. Chacun est à sa place pour faire dérailler la machine du système. En 1996, Atlanta accueille les JO. Richard Jewell (Paul Walter Hauser, né pour le rôle) y est agent de sécurité. C’est un flic raté, qui a parfois péché par excès de zèle, s’est laissé emporter par la fonction. Il brûle du désir d’être un digne gardien de l’ordre pour garantir à chacun de vivre en paix. C’est un Américain de Georgie ordinaire : obèse, armé jusqu’aux dents, respectueux du drapeau. Bizarrement, Clint Eastwood laisse la religion en dehors de ça. Peut-être parce que l’attentat, apprendra-t-on plus tard, est en lien avec l’extrême droite chrétienne et sûrement parce que LE CAS RICHARD JEWELL, c’est entre le peuple, les autorités et les médias que ça se joue. Quand Richard découvre une bombe à Centenial Park, lieu de festivités, et convainc une police sceptique qu’il faut évacuer les lieux, il sauve des vies et est érigé en héros. Mais son besoin maladif de se rendre indispensable fait tiquer le FBI. Et si c’était lui, le petit gros vieux garçon, le terroriste ? La théorie relayée par la presse, Richard est voué aux gémonies. La voie de la raison américaine, c’est l’avocat de Jewell, joué par un Sam Rockwell tout en rage intérieure et en ironie glaçante. C’est lui qui va aider Richard à se détacher de cette idée d’une autorité supérieure, d’un drapeau qui protège de tout. Car si l’institution est belle, il faut se méfier de ceux qui la servent. Le film sait être aussi sentencieux et grave quand il évoque le besoin compulsif de l’Amérique d’avoir des héros et des monstres dont s’enticher que tendre quand il s’intéresse à l’individu. Ainsi, c’est dans les relations entre Richard et sa mère, et Richard et son avocat, que LE CAS RICHARD JEWELL atteint des sommets d’humanité. Le film déroule une force tranquille pendant deux heures et dévoile avec simplicité une puissance indéniable.

De Clint Eastwood. Avec Paul Walter Hauser, Sam Rockwell, Jon Hamm. États-Unis. 2h05. Sortie le 19 février

4Etoiles

 

 

 

 


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